La pollution numérique : et si on agissait ?

nouveautés, développement durable 08 octobre 2021

Alors que la digitalisation du monde s’accélère, la pollution numérique devient un sujet central… au point de faire l’objet d’une proposition de loi visant à la réduire. Mais qu’est-ce-que la pollution numérique, au juste, et comment agir à notre échelle ? Zoom sur les réflexes à adopter pour peser sur une problématique d’actualité.

La pollution numérique, c’est quoi ?

La pollution numérique désigne l’impact environnemental des nouvelles technologies, des téléphones portables jusqu’aux télévisions connectées, en passant par les emails ou le streaming. Puisqu’en dépit des avantages de la dématérialisation, le numérique est tout, sauf neutre d’un point de vue environnemental : il exige de recourir à des machines, dont la fabrication comme l’utilisation polluent.

Résultat, la pollution numérique, estimée en 2019 en France à 2% des émissions de gaz à effet de serre, pourrait augmenter de près de 60% à l’horizon 2040, dépassant les émissions causées par le transport aérien¹. 

La fabrication des objets numériques

La fabrication est la plus importante source de pollution numérique actuelle. L’immense majorité des terminaux numériques et objets connectés intègre des minerais comme de l’or, du tantale ou du lithium, ainsi que les fameuses « terres rares ».

L’ennui ? L’extraction de ces minerais consomme d’énormes quantités d’eau et d’énergies fossiles. Dans certains pays, elle s’accompagne de la pollution des écosystèmes naturels et de la réduction des espaces naturels, donc de la biodiversité. Il faut encore ajouter le bilan carbone de la production de l’objet en usine, puis celui de son transport lorsqu’il est fabriqué à l’autre bout du globe.

Le cycle de vie des outils digitaux

Autre problématique, le rythme effréné de renouvellement de nos terminaux informatiques. Les modes et les évolutions technologiques encouragent le remplacement d’appareils qui fonctionnent toujours et en cas de panne, le changement reste plus courant que la réparation.

En parallèle, le taux de recyclage est faible : nombre de composants sont peu ou pas recyclés, et les filières légales ne prennent en charge qu’une infime partie des objets. Un cercle vicieux qui génère déchets, pollution et surconsommation. 

L’utilisation du numérique

Si la fabrication des objets informatique est énergivore, leur usage l’est tout autant, et la charge de l’appareil n’est pas seule en cause : tous les objets qui stockent, échangent ou transfèrent des données par internet sont doublement gourmands en énergie.

En cause, le stockage. Les données, qu’il s’agisse d’un email ou d’une vidéo, sont conservées dans des centres de stockage de données, ou data centers, disséminés partout sur la planète. Or ces centres consomment énormément d’énergie pour alimenter et refroidir les serveurs sur lesquels sont hébergées les données, une énergie rarement issue de sources renouvelables. 

Le cas du streaming vidéo

Le streaming vidéo représenterait aujourd’hui plus de la moitié des flux de données sur internet. Problème ?

Comme toutes les données, ces vidéos sont stockées sur des serveurs, avec des fichiers de plus en plus lourds.

Combinez le flux de données du visionnage et le fonctionnement des data centers, vous obtenez une pollution numérique en augmentation constante.

appareils

Comment réduire la pollution numérique ?

Réduire la pollution numérique, c’est avant tout limiter le recours aux objets informatiques et aux nouvelles technologies. Leur usage étant devenu quasiment incontournable, il ne s’agit pas pour autant de les supprimer ou de se couper du monde, plutôt de repenser la façon de les utiliser.

  • Évitez la surenchère. Plus un appareil est grand, plus il pollue… Un principe simple et parfois désagréable à entendre, à l’heure où les écrans géants sont la norme. 
  • Visionnez autrement : le même principe vaut pour les vidéos en streaming, une vidéo en 4K polluant plus que la même vidéo en HD. Adaptez la résolution à la taille de l’écran, avec une résolution plus basse sur un téléphone ou une tablette. Encore mieux ? Téléchargez le contenu plutôt que de le visionner en ligne. Légalement, s’entend.
  • Faites durer les objets. Si un appareil est en panne, essayez de le faire réparer avant de le changer. Un nombre croissant de réseaux engagés propose d’accompagner ces réparations via des forums ou des « repair cafés ». Quant à ceux qui fonctionnent, inutile de les remplacer : selon l’ADEME, l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, un ordinateur utilisé quatre ans au lieu de deux diminue de moitié son bilan carbone.
  • Maîtrisez vos achats. Si l’achat est inévitable, raisonnez-le : optez pour de l’occasion ou des appareils reconditionnés et surveillez la consommation énergétique qui leur est associée. Évitez également de multiplier les objets inutiles. Si certains ont des effets bénéfiques à long terme, comme le thermostat connecté, d’autres restent anecdotiques.
  • Limitez le nombre d’objets connectés. Aussi pratiques soient-ils, les objets connectés ne sont jamais éteints. Au contraire, ils transfèrent en continu des données ensuite stockées à distance ! Des ampoules connectées continuent ainsi à consommer même sans produire de lumière…
  • Éteignez. Connecté ou non, un appareil numérique en veille continue à consommer. Selon vos usages et vos besoins, éteignez manuellement la télévision la journée, la box internet la nuit, l’ordinateur quand il ne sert pas… et lorsque l’option existe, sélectionnez le mode « économie d’énergie ». 
  • Stockez léger, ou local. Pour limiter l’impact du stockage de données sur les data centers, stockez si possible en local, autrement dit sur un disque dur physique, chez vous, plutôt qu’en ligne sur un cloud. Pour les éléments stockés en externe, faites le ménage régulièrement pour supprimer ce qui est inutile.
  • Préférez le wifi ou la connexion filaire. L’un comme l’autre consommerait plus de vingt fois moins qu’une connexion en 4G. Et la 5G pourrait consommer encore plus.
  • Naviguez malin. Si possible, accédez directement au site internet voulu plutôt que de passer par un moteur de recherche. Envisagez également d’utiliser un moteur de recherche écoresponsable et fermez les onglets inutiles !
     

N’oubliez pas la boîte mail

Tous les messages non supprimés sont stockés sur des serveurs, y compris emails rangés dans un dossier non-consulté depuis deux ans… Or si la pollution numérique liée à un email est infime, lorsqu’elle est multipliée par les millions de messages envoyés chaque heure, elle n’a rien d’anodin.

Supprimez les spams, videz la corbeille, nettoyez vos dossiers. Et supprimez au passage ces vieux comptes mails inutilisés, sur lesquels s’accumulent inutilement les spams et les newsletters.

¹ https://www.lefigaro.fr/sciences/quel-est-l-impact-du-numerique-sur-l-environnement-20210609